La réception de l'aide informelle au grand âge : entre solidarité et ambivalence

L’objectif de cet article est de s’interroger sur la place qu’ont les solidarités informelles dans le dispositif d’aide à la vieillesse qui, en Suisse, est fortement ancré autour du maintien à domicile. La réflexion se construit en partant du point de vue, encore peu exploré, de l’aidé. Les données sont à la fois quantitatives et qualitatives et portent sur un échantillon de personnes âgées de 80 ans et plus vivant à domicile dans le canton du Tessin. Une large majorité bénéficie du soutien d’un ou de plusieurs proches ; un support qui s’exprime avant tout dans la présence et dans des tâches plus pratiques et ponctuelles telles que les courses, le transport et les aides administratives. Plus présente chez les aînés insérés dans un réseau filial, cette aide reste pourtant déterminée non pas par l’existence d’une descendance, mais par celle de contacts directs d’une certaine fréquence et, par conséquent, d’une proximité géographique entre aidant et aidé. Si elle suscite généralement des vécus positifs, l’aide intergénérationnelle peut aussi générer des contradictions : d’une part du fait que, face à des besoins majeurs, on souhaiterait compter sur la présence de ses enfants, d’autre part en raison de la volonté de respecter l’autonomie de ceux‑ci. Une reconnaissance institutionnelle majeure de l’aide des proches – par l’introduction d’aides financières et de congés universels – pourrait contribuer à réduire ce sentiment d’ambivalence, tant chez l’aidant que chez l’aidé.

Auteur·e·s
Masotti Barbara
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Références

Masotti, B. & Hugentobler, V. (2020). La réception de l'aide informelle au grand âge : entre solidarité et ambivalence. Gérontologie et société, 161, 71-86. https://doi.org/10.3917/gs1.161.0071