Au cœur de la mort : faire science avec les défunts

Dès les fondements de la discipline anthropologique, le thème de la mort n’a cessé de nourrir une abondante littérature qui met en perspective les façons dont les collectivités construisent les limites entre les vivants et les morts ; dont elles définissent des intervalles entre ces deux catégories tout en désignant des lieux réservés aux défunts. Dans un premier temps, ce texte retrace la façon dont ces limites et leurs transgressions ont été appréhendées par les anthropologues culturels et sociaux. Il évoque ensuite un possible infléchissement dans la manière de saisir ces aspects en prenant appui, d’une part, sur la notion d’immortalisme technoscientifique et sur l’émergence de certaines pratiques funéraires écologiques ; il situe, d’autre part, l’intérêt méthodologique d’être présent pour un motif de recherche lors d’un passage de vie à trépas, en l’occurrence lors d’un suicide assisté, pour documenter l’établissement de cette limite. Par ces deux illustrations, l’objectif est de mettre en perspective les questionnements des anthropologues culturels et sociaux avec ceux que sont susceptibles de rencontrer les bio-anthropologues et l’archéologie funéraire pour interpréter le rapport entre vivants et morts au fil de l’histoire.

Ever since the founding of anthropology as a discipline, the theme of death has nourished an abundant literature that puts into perspective the ways in which communities construct boundaries between the living and the dead: how they define intervals between the two categories while designating places reserved for the deceased. In this text, we first discuss how these boundaries and their transgressions have been considered by cultural and social anthropologists. We then suggest that a shift has occurred in perspectives on these aspects, through a commentary on the notion of techno-scientific immortalism and the emergence of certain ecological funeral practices. In parallel, we show the methodological importance of being present at the time of a passage from life to death, in this case at the time of an assisted suicide, in order to document how this boundary between life and death is established. Through these two illustrations, the aim is to bring the questions raised by cultural and social anthropologists into perspective with questions liable to be encountered by biological anthropologists and funerary archaeology when interpreting the relationship between the living and the dead over historical time.

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Références

Berthod, M.-A. (2022). Au cœur de la mort : faire science avec les défunts. Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 34(1). http://journals.openedition.org/bmsap/9433.